Par Jacques PHELIPPEAU
Rallye du Portugal Historique : Jacques PHELIPPEAU – Jacques MOREAU (Lancia Delta Intégrale)
Parti de Nantes en avion le lundi matin, j’ai atteint l’hôtel de Sintra vers midi, alors que Jacques mon pilote était arrivé via Orly en milieu de matinée et avait déjà effectué l’étalonnage. Pas de surprise pour les habitués : 1000 m du roadbook d’étalonnage équivalent à presque 1100 m réels sur le terrain ! Soit un écart de quasiment 8%, ce qui veut dire qu’une moyenne prescrite à 50 km/h sera en fait du 54 km/h, et du 60km/h prescrit sera du 65 km/h !!Repas tranquille le midi à l’hôtel avec nos compères Jean-Luc BASTY & Jacques TAVERNIER, Francine et Pierre TEXIER arrivés de Montargis le matin avec les 2 autos, et notre assistance portugaise commune : Nuno VEIGA et son père José.
Pour occuper l’après-midi on décide d’aller voir la plage de Magoito, distante de 10 km, d’où le départ doit être donné mardi midi.Et ben la Delta n’est pas arrivée jusque-là ! Problème empirant pour rentrer la 2 et la 4. Heureusement Pierre et Francine suivaient en camion. Sur le bord de la route, bricolage sans succès de la commande hydraulique d’embrayage qui avait donné du fil à retordre quelques temps avant. Donc back to the hôtel après avoir appelé au secours Nuno et José.Déjà en route vers le point de la 1ère assistance du mardi, ils ne seront de retour que vers 18h. Contrôle du fonctionnement de l’embrayage, du cheminement de la tringlerie de boîte, et … belle découverte : la fixation de la boîte sur son silent bloc est en miettes (déjà certainement bien affaiblie, elle a succombé au parcours d’étalonnage pas mal cabossé par endroits).
Après un A/R nocturne dans le garage d’un copain, Nuno nous a rapporté quelque chose d’un peu renforcé ! Comme dit par un vieux renard : « […] il vaut mieux que ce soit tout réparé avant … qu’avoir cette mer… dans la pampa ! »
Après cet épisode un poil inquiétant, on s’est retrouvés l’esprit tranquille mardi midi, au départ, « Praia de Magoito » :
Etape 1
Au début sous un chaud soleil, mais qui s’est couvert avant le départ du rallye, puis ensuite transformé en pluie qui n’allait plus quitter le rallye jusqu’au jeudi soir ! On est partis en pneus Toyo pas neufs, ce n’est pas le bon choix ! 5 ZRs au programme.
ZR1 : Pas mouillée mais plusieurs traces d’humidité, déjà 4 ou 5 voitures posées ou arrêtées ! On subit pas mal de sous-virage avec nos Toyo, mais on reste sur la route. 32e
ZR2 : Là c’est bien mouillé ; échaudés par ce qu’on a déjà vu, on fait gaffe. 53e
ZR3 : C’est la 1ère avec du 60 Km/h (i.e. 65 !), courte mais sur le mouillé, impossible de suivre le rythme ! Pour enfoncer le clou : en passant sur un champ de mines, mon Rallyepack principal s’est éteint en pleine ZR (défaut de contact de la fiche d’alim), bascule au vol sur celui de gauche en le recalant ASAP. Bilan 56e. Suivra un petit passage à l’assistance sur l’autoroute près de Nazaré. RAS, l’auto va très bien !
ZR4 : Encore une avec du 60 Km/h, avec un début au bord de mer, là on tient le rythme. 26e. Partant devant nous, la Corolla n°62 est bien posée dans le fossé intérieur en sortie d’un gauche, on pense ne jamais la revoir, et pourtant il réussira à se présenter à temps au départ de la ZR5 à 80 km d’ici, et il finira le rallye !
ZR5 : On est calés. 22e
Fin d’étape, à Figueira da Foz. Assistance habituelle sur le front de mer. On passe aux pneus Nankang (conseillés par plusieurs amis) en espérant du mieux.A la bouffe du soir, JL BASTY, philosophe : « Avec ces conditions difficiles, faut pas s’affoler, attaquer pour essayer de gagner 2 places et risquer de se sortir ? Non, ça va s’écrémer petit à petit ».
Etape 2, Figueira da Foz – Arganil – Viseu, toujours sous les averses.
Pour l’anecdote, nos rallyes sont souvent de grands moments de convivialité, comme celui-ci : Ce mercredi matin, avant le départ, Jacques étant parti sous la pluie scruter un de nos pneus qui semblait perdre de la pression, je reste dans un coin du hall de l’hôtel ; un gars se pose pas loin (Philippe MARESCHAL), on commence à échanger, c’est son 1er Portugal, mais il a déjà fait le RMCH (rallye Monte-Carlo Historique), moi aussi en 2023. Son pilote approche, on évoque le RMCH que lui n’a jamais fait, je lui dis l’avoir fait en R16. Avec qui ? Jacques JONQUIERES ! Ah oui, c’est un grand copain ! Je me rends alors compte que je suis en face de Pascal CALVEL, le quasi Martiniquais, dont j’ai maintes fois entendu parler. Dans la foulée, échange téléphonique avec Jacques le toulousain, bien surpris de notre présence commune au Portugal.
ZR6 : Jacques n’est pas très confiant avec les Nankang. 38e
ZR7 : Petit à petit la confiance vient. La Delta est moins sous-vireuse, plus neutre. 23e
ZR8 : 20 km avec du 60 km/h. Impossible de tenir le rythme. A 10 km, notre retard dépasse les 50sec, jusqu’à ce que j’en rajoute en étant en retard pour annoncer un Té droite en épingle. Calage, marche AR ; dans les 800 m d’allonge qui suivent, Jacques laisse passer la Carrera 3.2 des deux nénettes espagnoles parties une mn après nous, mais elles ratent leur freinage au quitte à gauche suivant, on repasse devant, elles ne sont plus dans nos rétros, on finit avec 25 sec de retard. 33e avec 476 points ! On échappe au forfait de 600 pts que 18 concurrents récolteront !
ZR9 : 20 km. Juste une autre coupure d’alim du Rallypack principal, que j’arriverai à relancer assez rapidement. 32e
ZR10 : 40 km avec du 60 km/h ! On tient le rythme pendant les 20 premiers kms, puis un gauche bien glissant (même en baskets), et le muret de face !
Au moins deux autres voitures étaient déjà allées faire la bise au muret, dont cette BMW dont on a retrouvé l’entourage de phares AVD sur place :
On bloque une moitié de la route, ça laisse le passage au ralenti de la dizaine de concurrents qui nous suivent. Inscrites en moyenne basse, les deux Alfa Sprint de 1962 qui ferment la marche mettent un petit quart d’heure à arriver, puis une voiture de presse passe en nous disant qu’il n’est pas sûr qu’on voie arriver une dépanneuse. Alors on essaie de reculer la Delta afin de dégager la route, mais comme la roue AVD est quasiment bloquée vers la gauche, et la boîte est bloquée, on pose la Delta au milieu de la route ! C’est là qu’on voit arriver deux 911 qui roulent de concert le bras à la portière : ce sont les deux qui s’étaient posées à 100m l’une de l’autre dans la ZR1 ! Les 4 compères roulent dorénavant tranquilles après leur aventure de la veille, ils ne s’occupent plus des heures de pointages ou de départ de ZR, coupent pour ne pas rater les bouffes, etc …Ils ne pensent donc qu’à nous aider pour essayer de dégager la route, sortent un gros cric rouleur du coffre d’une des 911 pour essayer d’aider à riper l’arrière de la Delta. On s’échine sans succès depuis un bon ¼ h, quand arrive quand même un véhicule de pompier et une dépanneuse. Avec ce renfort là, on réussit à remettre la Delta dans le sens de route ; bien équipée, la dépanneuse réussira à la charger. Y’a plus qu’à reprendre place dans la Delta et, vue d’en-haut, cap sur Arganil au bout de 20km de routes tortueuses.Fin du 1er épisode, on va passer ensuite en mode « touristes » !!
A la fin du précédent épisode, perchée avec son équipage sur une dépanneuse, la Delta filait sur Arganil. Elle fut cordialement déposée vers 14h sur un parking à l’entrée de la ville, à 2 km du parc de regroupement. Appel à Pierre et Francine, qui comptaient passer une semaine tranquille dans l’appart d’un ami à Agueda à une centaine de km d’Arganil, pour qu’ils viennent nous récupérer. Nuno et José qui sont encore dans les parages arrivent rapidement et nous conduisent à la Briqueterie, lieu des agapes du midi qui (heureusement pour nous) n’étaient pas terminées. Pas besoin de vous dire tout de même que nous y sommes arrivés la queue basse, pas fiers de notre exploit …. Bon, il n’y avait pas que nous qui avions vécu une mauvaise matinée …Quand la caravane s’élance pour l’après-midi à 15h30, nous repartons à pied vers la Delta, sous les averses incessantes. Pierre est déjà prêt à charger :
On lui fait faire un détour de 80 km pour nous déposer à Viseu, arrivée de l’étape du jour. Du côté de nos potes Jean-Luc & Jacques, tout roule, 18e à l’issue de cette longue journée. A Viseu, on n’est pas les seuls à pied. On y retrouve entre autres Pascal CALVEL & Philippe MARESCHAL, dont la boîte de la 911 SC de 1977 a rendu l’âme au départ de la ZR7.
Du coup on fait affaire : comme Pascal va remonter en France demain avec son équipe d’assistance, tandis que Philippe compte rester jusqu’à samedi avec leur voiture de location, on va pouvoir embarquer avec lui pour suivre le rallye. Le seul problème c’est de trouver quelques endroits de passage intéressants en dehors des regroupements et autres zones d’assistance. Ben oui c’est du parcours secret, lequel est bien gardé !!
Jeudi, 3e étape : Viseu – Fafe – Viseu
Ça a été la tempête toute la nuit, après une longue attente le départ n’est donné que vers 10h15, avec une liaison directe vers le circuit de rallycross de Lousada, les routes des trois premières ZRs de l’étape ne semblant pas sûres. Philippe négocie l’obtention d’un road-book au CH de départ, une fois le dernier concurrent parti, et nous voilà dans la colonne vers Lousada pour y encourager entre autres notre copain Jean-Luc :
Puis direction Fafe où, au re-départ, les trois couillons désœuvrés admirent une autre belle italienne :
A partir de là, ça va se compliquer pour dégoter des road-books. Jacques réussit tout de même à identifier la fin de la ZR26, qu’il a déjà parcourue plusieurs fois, et qui devrait se terminer au bord du Douro. Placés dans la descente à la dernière épingle, on y admirera l’efficacité au frein à main de certains, et … le ratage d’autres.
On dénichera aussi la dernière balise Blunik de cette ZR, bien planquée 30 m après l’épingle :
Cap ensuite sur Lamego, afin de ne pas rater la bouffe du soir dans le superbe cadre du restaurant habituel surplombant le Douro !
Vendredi, 4e étape : Viseu – Coimbra – Leiria – Sintra
Départ à 8h comme d’hab, mais impossible de subtiliser un road-book pour connaitre le parcours. Alors on part pour la 1ère assistance, un endroit bien ravagé par les feux récents :
La pluie s’est arrêtée, mais on y apprendra que les routes matinales sont bien piégeuses encore, et aussi qu’avec la circulation très dense, la liaison vers la 1ère ZR (n°29) ne passera pas dans les temps pour beaucoup de concurrents, qui du coup ne pourront pas l’attaquer à leur heure idéale. Cette ZR sera logiquement annulée.On y apprend aussi que dans la ZR30, les nénettes espagnoles précédemment citées ont coincé leur Porsche dans une équerre serrée dans un village. Gros embouteillage derrière le temps de les dégager, et des concurrents qui hériteront de temps forfaitaires !
On photographie quelques pages du road-book de Jean-Luc & Jacques quand ils se présentent, afin de se diriger ensuite vers la dernière ZR33 avant Coimbra. En essayant de se situer sur la ZR dans la pampa, bingo on tombe sur une épingle gardée par un gendarme, donc ça passe bien là ! Encore une belle épingle serrée à gauche en descente, spectacle assuré ! DEFLANDRE toujours aussi impeccable au frein à main, mais derrière ce n’est pas toujours une réussite … Désolé pas de photo.
Ensuite, cap sur Coimbra pour la pause du midi. Puis un saut sur l’assistance qui suit, espérant y récupérer des infos pour la ZR36. Ce sera grâce une des deux Alfa Giulietta Sprint (ci-dessous) en moyenne basse qui a tout court-circuité pour essayer de remédier à du patinage d’embrayage … avec du Coca !
On galère un peu tout de même pour situer cette ZR, mais on finit par tomber sur un gendarme. C’est donc tout bon, un quitte à gauche qui enroule après une belle allonge ; bel endroit pour appréhender l’efficacité de chaque concurrent :
Puis cap sur Leiria pour la ZR37 sur un circuit artificiel en pleine ville. Le rallye profite en fait de l’organisation de la Leiria Sobre Rodas, une kermesse gigantesque dédiée aux sports mécaniques.
Si vous désirez en savoir plus, voici un lien vers le site de l’organisation de la Leiria Sobre Rodas (s’ouvre dans un nouvel onglet) : leiriasobrerodas.com
Vu l’affluence pour rejoindre le site, il y aura des retards de pointage au CH d’entrée, et lors du regroupement les concurrents ne seront pas remis dans l’ordre du départ d’étape. C’est suite à ce brassage que la R8 de Michel BADOSA – Christophe MARQUES partira derrière une Escort un peu lente dans les ZRs de Sintra, dommage ! Pour notre part, on prend le temps de profiter de la teuf de Leiria plutôt que d’aller se placer dans une des deux ZRs de Sintra (accès compliqué, peur d’y être enfermés, etc…). Puis cap direct sur l’hôtel pour attendre les copains au CH final à partir de 2h du mat. Cadre trop intimiste pour que ce soit une grande fête, seulement les concurrents et accompagnateurs pour acclamer par exemple ceux qui finissent 2nd avec une 205 GTI 1,9 bien préparée :
Nos copains Jean-Luc & Jacques seront annoncés 10e à 4h du matin, mais le belge Damien CHABALLE avait semble-t-il été oublié !
A noter que le classement a bien évolué dans la dernière section. Par exemple, Carlos TAVARES – Laurent PERQUIN ont plongé suite à une erreur de navigation sur le routier en descendant sur Sintra : erreur sur un des nombreux embranchements d’autoroute ou de voies rapides, où le détour peut coûter un paquet de kilomètres. Bien d’autres se sont fait piéger ainsi tout au long du rallye. Pour Christophe BAILLET, c’est 400 pts pris ainsi le mercredi matin, avant la ZR7. Pas une paille si on regarde le classement final …
C’est de la grande aventure, comme on n’en vit que quelques unes… Dommage que ça se soit arrêté tôt, mais bravo pour le suivi après cette désillusion, et ces anecdotes et photos !