“Pour ceux qui n’auraient pas capté le lancement de l’aventure : le toulousain Jacques JONQUIERES, avec lequel j’avais fait le RAC en 93/94/95 et le Portugal en 94/95 en 205 GTi, s’était mis en tête de restaurer la R16 TX de 1974 de son père. Il l’avait gardé au sec depuis 1984. La restauration s’est faite petit à petit sur 6 années : caisse mise à nue et passée au tournebroche pour réfection des parties rouillées et peinture complète, moteur (140 000km) révisé, etc … L’idée étant de m’embringuer un jour dans le Monte-Carlo Historique (dont il avait couru 4 éditions du vrai Monte-Carlo dans les années 90). Et donc, je n’ai pas pu échapper à l’inscription au MCH 2023 !!
L’ami Jacques n’ayant jamais roulé en régularité (ni même imaginé de quoi il retournait !), on était à coup sûr partis pour une sacrée partie de plaisir !
Il a embarqué dans l’aventure : Yves, un copain ex-mécano du sud-ouest (Directeur de Course FFSA tout de même !) qui fera équipe dans le fourgon d’assistance avec Denis (un pilote fou de mécanique, issu des Coupes Peugeot sur terre), qu’on passera récupérer près de Grenoble en montant à Reims ; et aussi Claude (l’éternel comparse navigo de Denis) et Michel (de Toulouse) qui partiront le vendredi de Grenoble et joueront les ouvreurs en passant dans les spéciales le jour précédent.
Avec les 93 cv de la TX, en moyenne haute (ben oui, toutes les + de 1600cc entre 1966 et 1976 étaient d’office en moyenne haute), on s’attendait à en baver, et on n’a pas été déçus !
Pour réguler j’avais misé sur du Rabbit Rally et le road-book de Sébastien CHOL.
Au départ de Reims, j’ai eu le plaisir de voir une ribambelle de Guépards venus nous encourager : Jean GUEZENNEC, François DUFOSSE, Didier ROUSSEAU, Christian et Colette AJOUX, Alain BETEMPS et son pote JC LEFEVRE, ainsi que d’autres sympathiques connaissances : Patrick et Martine HURIEZ, Eric GOUTTEFANGEAS, Dominique et Patricia RESTELLINI, Xavier TANRET et Gérard LE CAM, ………
L’avantage de la R16 est tout de même son remarquable confort, dont on a bien profité pendant la concentration depuis Reims (en pensant à ceux qui se faisaient secouer par des suspensions dures, dans des baquets spartiates), jusqu’à ………… la traversée du Vercors, où au petit matin on a commencé à perdre de la puissance et à subir des coupures moteur intermittentes. Notre fourgon d’assistance ayant fait un détour pour déposer le plateau du côté de Grenoble, on a patienté jusqu’à avoir bien de la peine à franchir le Col de Cabre, avant de les appeler à la recousse. Ouverture du carbu, vérifs des gicleurs et autres, mais rien ne semble anormal. On repart avec notre avion redevenu de chasse pendant …….. 4 km, et coupure totale moteur !
Diagnostic toujours pas clair, mais on réussit à repartir pour pointer au CP de Laragne, tout en cogitant sur les sources possibles de nos soucis : carburation ? arrivée d’essence ? allumage ? (foutu allumeur électronique dans lequel on n’a aucune chance d’intervenir !). Deux autres arrêts forcés avant le CH de St André des Alpes, mais là, en soufflant dans le tuyau d’arrivée d’essence, on se rend compte qu’il était en partie bouché !
Avec ces multiples arrêts, on pointe avec 11 mn de retard au CH de St André, où on est bien contents de trouver du réconfort avec les délicieuses crêpes du Ventabren Rétro Passion !!
Mais il est temps de prendre le taureau par les cornes, la liaison étant longue jusqu’à Monaco, on s’attaque à sortir le réservoir d’essence pour essayer de le rincer. En filtrant son contenu, on n’est pas déçus de ce qui en sort : débris de rouille, etc…. Le traitement Restom, qui lui a été appliqué, après ses 40 ans à sec, n’a pas été probant …….. On laisse bien 20 mn dans cette intervention mais qui sera salvatrice jusqu’au bout, puis des dizaines de mns dans les embouteillages à l’approche de Nice, puis je me sinistre dans Monaco (où je n’ai pas mis les pieds depuis les vrais Monte-Carl des années 80 !! ) pour trouver le CH de Monte-Carlo Beach. Heureusement, l’ACM annulera toutes les pénalités à ce CH ……
Samedi matin : il est quand-même temps d’attaquer pour de bon ce rallye !!!!!
SR1, Briançonnet – Braye : classés 166e, on s’en sort plutôt bien pour la toute première ES du en régul du Jacques Pilote.
SR2, le Corobin : clous obligatoires selon notre paire d’ouvreurs
La montée torturée nous fait redescendre sur terre, avec notre pur-sang notre retard montera jusqu’à 38 s. Quelques voitures tankées dans la descente glacée, mais ça passe pour nous et on finira presque à 0. Bilan honorable, 204e.
SR3, col de Penne : en contacts, on y «penne» moins que dans le Corobin mais on n’est pas vraiment constants. 195e.
Arrivée à Valence, je trouve le moyen de me sinistrer à l’approche du parc dans les embouteillages, encore 3 mn de pénos ! Mais on est tout étonnés (mais bien contents) de se voir attribuer le 147e rang dans les moyennes hautes !!!!! 188e au général
Dimanche, c’est parti pour l’Ardèche. Nanard du forum Racing Auto Classic nous accueille avec sa liqueur maison au départ du Moulinon. SR4 – 40 bornes, là il nous faut effectivement du dopant !!!!!
Première SR où on va subir des slow zones à 30 km/h dans des villages (et là il y en avait un paquet), le temps d’apprendre le langage du Tripy quand il se met à gueuler, et comme d’autres on y laisse quelques points de pénalités pour vitesse dépassée. Mais surtout dans le serré on n’arrive pas à rattraper le temps perdu avant de tomber sur le village suivant. On va ainsi trainer notre misère avec plusieurs pointages autour de 20 sec de retard. Bilan 207e
SR5, Burzet-St Martial : en clous of course. Les copains limougeauds frigorifiés (les MARI, et les BERNARD) sont sur la ligne de départ pour nous encourager :
On souffre beaucoup moins que dans le Moulinon. 149e. Mais que furent pénibles les 500m à moins de 30 pour traverser Lachamp-Raphaël. On n’a pas réussi à lui éviter que le Tripy couine !!
SR6, St Bonnet : clous mandatory là aussi. Ici Jacques, qui se rappelle les 4 vrais Monte-Carlo de la belle époque, connait par cœur, il s’applique : 120e !!
SR7, Lamastre-Colombier : fin de journée, moins de concentration ?, on en lâche : 198e
Le bilan de la journée nous satisfait bien tout de même : 158e au général.
Lundi, entre Drôme et Hautes-Alpes. Seules les 2 premières sont à faire en clous. Cols, routes pentues et torturées, on va souffrir !! Bon, comme jusque-là, quand ce ne sera plus la peine de recaler vu notre retard, pour m’occuper je sortirai ma tablette avec IGN Rando pour annoncer les virages via la 1/25000e, comme dans les cartos des années 70/80 !!! Pas sûr que ça aide énormément Jacques2, qui n’a jamais roulé avec de telles notes, mais au moins ça m’occupe !!
SR8, Valdrôme-La Piarre : elle ne fait même pas 12 km, mais elle va nous coûter cher !!! Car, après 5 km cool, la slow zone de La Bâtie-des-Fonds nous plombe totalement, car elle est suivie de 7 km pentus et serrés, où au lieu de se refaire on s’enfonce petit à petit, jusqu’à finir avec plus d’1 mn de retard. 209e, 6240 pts dans celle-là, d’un coup on double notre capital points !!!
SR9, Les Savoyons : un peu moins de grimpettes et de serré, pas de slow zone, mais on ne limite que peu les dégâts, avec plus de 40 sec de retard au firmament. 202e
SR10, Eygalayes-Verclause : retour sur le sec, mais 37 km avec trois slow zones dont Laborel, et 2 changements de moyenne.
Après avoir réussi à en finir avec un palier à 45 sec de retard, on va allègrement prendre 1 mn d’avance !!? on sera loin d’être les seuls ! Why ?
Certainement une mauvaise interprétation de l’endroit du 2e changement de moyenne ! Le 1er était simple, c’était l’entrée de Laborel. On apprendra par la bande le lendemain matin qu’il fallait se reporter au « pseudo » road-book de l’ACM pour y retrouver les libellés spécifiés comme lieu de changement de moyenne sur nos carnets de pointage. 193e, la mauvaise série continue !!
Ci-dessous un extrait du seul type d’éléments transmis par l’ACM en tant que road-book. C’est sûr que c’est pas avec ça qu’on peut naviguer ! Alors, une fois reporté sur des cartes ou basculé sur un vrai road-book, on l’oublie ! :
SR11, Crupies-Saillans : roulante mais avec un changement de moyenne qui fera encore des dégâts, car « Bif D156 / Chemin de Font de Bine » n’est pas évident à identifier si on ne pense pas à jeter un œil sur le « road-book » ACM. Pour ma part, sur la longue liaison j’ai passé mon temps à scruter IGN Rando pour dénicher ce p….n de Chemin de Font de Bine.
Ayant eu plus de réussite que beaucoup sur ce coup-là, on s’octroie un 122e temps !!!
Malgré nos avatars, on termine la journée toujours dans la même zone au scratch : 155e.
Mardi, retour sur Monaco, puis la nuit. Tout sera sec jusqu’au bout.
SR12, St Nazaire- La Motte Chalençon : 18 km bien torturés et pentus au début, un vrai plaisir pour notre jument de trait. On se fait vite dépasser par la Porsche partie derrière nous, mais on finit par se dédoubler et terminer à 0.
7000 pts dans la musette tout de même, et Bingo : 223e temps pour le N°223 !
Tiens, y’a longtemps que les entrailles de la TX nous ont laissés tranquilles (trop ?), alors un peu de piment : passé notre point d’assistance à Rémuzat, on attaque la longue liaison cahoteuse vers Montauban/l’Ouvèze. Pas fait 2 bornes que tout s’éteint, plus de son plus d’image, mais la batterie est toujours vivante. On jette un œil aux multiples fusibles, RAS. Coup de fil à l’assistance avant qu’ils ne quittent Rémuzat. Arrivés, ils prennent le problème méthodiquement, dépouillent la bête pour accéder au Niemann, le 12V semble y arriver mais n’est pas commuté. On ressort la solution des connections volantes, et le temps d’expliquer le nouveau mode d’emploi à Jacques-le-pilote, c’est reparti.
SR13, Col de Perty : un peu énervé, et ayant mare de ramasser un max dès que ça monte, j’invente la stratégie du siècle : prendre de l’avance dans les premiers kms afin de moins additionner de retards quand on sera dans le dur. MAIS il y a longtemps que j’ai oublié la configuration du Perty, qui finalement est assez roulant, et donc quelques kms après le départ on a toujours un boulevard devant nous, et on se retrouve au cul de la Porsche partie devant. Le temps d’admettre que ma stratégie est bien foireuse, on s’est pris 380 points d’avance. Bilan 206e !!
Bon, on a quand même eu la chance de ne pas tomber en panne électrique au milieu d’une SR !!
Et ben tiens, re-panne de son et d’image après Sisteron, sur la D4 avant Volonne, et bien sûr l’assistance, elle, est logiquement restée sur la N85 ! Rien de louche dans nos by-pass du Niemann, mais en tripotant 2 fusibles « torpille » sur la joue d’aile AV ça repart, mauvais contacts des fusibles dans leur support ? N’étant pas en avance, on ne cherche pas plus à comprendre, et ……………… 20 km plus loin, rebelote ! On essaie de nettoyer les contacts des fusibles, pas concluant ! Ouf, l’assistance arrive et enveloppe chaque fusible avec de la feuille d’alu. Problème réglé jusqu’à nouvel ordre !
SR14, la Colle-St-Michel : pas très concentré après toutes ces aventures, on est souvent en avance et on fait 188e.
Cumulées, les aventures du jour nous font reculer 167e au scratch.
Y’a plus qu’à attendre les deux dernières de nuit ; mais là, bien que ce soit sec, nos ouvreurs nous ont promis du pire que costaud !
SR15, Col de Braus-Lantosque : c’est effectivement pire que du dur, interminable, lacet après lacet le retard s’affole. En 3 km on s’était déjà fait doubler par la voiture partie 30 sec derrière nous. A 12 km c’est un train de 5 voitures qui nous avalent ! Doivent pas tous être à l’heure !
On souffle un peu dans la descente vers le Col St Roch, quand soudain …………….. plus d’accélérateur !!!
On se laisse glisser à l’écart dans une épingle, et on va lever le capot : de belles étincelles et petites flammes derrière l’alternateur ! C’est le câble d’accélérateur qui est allé fricoter avec le 12V (pas protégé !) en sortie de l’alternateur. Jacques souffle sur les flammes, ça s’éteint, j’hésite à débrancher la batterie car ce serait éteindre le Tripy. Mais quand Jacques retouche au câble d’accélérateur et que le feu reprend, je n’hésite plus. Gaine annelée totalement fondue, le câble est coupé en deux. On ne voit pas comment effectuer sur place une réparation de fortune.
C’est donc l’abandon. Mais on relativise, vu ce qu’on a ramassé dans la montée. Avant le rallye on était bien conscients qu’on serait à la rue en moyenne haute, on espérait cependant ne pas trop passer pour des charlots. Mais arrivé à ce stade c’était devenu du grand guignol !!!!
Avec leur BM 320, Pascal et Valérie ARNAUD nous ont dit avoir atteint 1500 m de retard dans la 1ère partie de la 15. Et, avec sa Dyane en moyenne basse, George GOMIS n’a rien pu faire et a reculé de 20 places dans cette dernière nuit.
Totalement irréaliste donc en moyenne haute avec notre mule. Donc pas de gros regrets de ne pas pouvoir terminer.
On attendra la fin du passage des concurrents, souvent par petits trains, même en moyenne basse. Puis, aidé par un filet de gaz, on se laissera glisser en descente jusqu’à L’Escarène. Quand ils nous rejoindront, nos MacGyvers de l’assistance reconstitueront un magnifique câble d’accélérateur :
Ça nous permettra de rentrer au port par nos propres moyens, ce qui a quand-même meilleure allure qu’à la ficelle ….. !
Il est 4 h, l’ACM plie les gaules mais récupère nos carnets, M. Tripy récupère son matos, on traverse le parc où les derniers fêtards terminent leurs bouteilles de champagne, mais on a plutôt envie d’aller se coucher…..
La fine équipe le lendemain midi, pas mécontente de prendre un bain de soleil sur le port :“
Jacques